La nécessité de l'éthique
Un
consensus semble émerger ; nous avons
besoin de plus d'éthique pour éviter la catastrophe. À première vue, ce point de
vue tombe sous le sens. Mais en regardant le problème de plus près, on se rend compte
qu'il serait préférable de parler d'éthique et de valeurs
(pas au sens monétaire) en premier.
Pourquoi? Tout simplement parce que si catastrophe il y a, si problèmes graves il y a, c'est parce que nous sommes guidés par un écosystème de valeurs qui sont, à quelque part, la cause desdits problèmes. Mais avant d'aller plus loin, je me dois de définir ce qu'est l'éthique.
Qu'est-ce
que l'éthique? Question difficile je
dois avouer, surtout si je ne veux pas assomer le lecteur avec l'histoire riche
de ce domaine. En résumé l'éthique, ou la morale,
peut se diviser en deux grandes approches : la déontologie (voir Rousseau, Kant, Rawls, Habermas) et la téléologie (voir Aristote,
Bentham, Stuart Mill, Signer). La première approche concentre
son attention sur ce qui est bon en soi, la deuxième quant à elle se concentre sur
la finalité des actions ou encore
sur leurs conséquences, volontaires
ou involontaires. La première tend à monter un système promouvant des
valeurs ou des vertus jugées bonnes en soi, peu
importe les conséquences, la deuxième tend au contraire à se coller sur les
conséquences. Bien entendu, parler
d'éthique dans un cours portant
sur le progrès porte l'esprit à réfléchir sur les conséquences de nos
actions, mais également sur les
valeurs qui les sous-tendent. Les approches en éthique de l'environnement sont donc généralement conséquentialistes. En somme, l'inquiétude morale soulevée par des notions
comme l'anthropocène ou encore par
l'entropie des écosystèmes relève des conséquences et non d'une approche déontologique. Mais il est essentiel de nuancer. En effet, il
faut se rappeler que j’ai fait référence à des valeurs dans l’introduction.
Quelles
sont ces valeurs à lesquelles je faisais
référence en introduction? Transformation de la nature en réservoir de valeurs monétaires. Compétition exacerbée. Fragmentation sociale. Individualisme déconnecté. Raison réduite à sa forme technique et
instrumentale pour le contrôle de la nature et des
êtres humains. Si ces valeurs
engendrent nombre de problème, il s'agirait alors
de les renverser pour faire place à d'autres valeurs,
anciennes et nouvelles. L'amour devrait être mise de l'avant,
c'est le point de départ et le point
d'arrivée du processus de renversement
des valeurs. L'amour implique aussi l'ouverture et le respect. Ouverture à soi, aux autres, au monde extérieur. Respect pour ce qui nous fait vivre. Par ailleurs,
les valeurs du partage et de la collaboration devraient être également au
rendez-vous. Un aspect fondamental serait de redonner les lettres de noblesse à la Raison. Porter un regard holistique sur les choses me
semble être une condition sine qua non
d'un retour à un état de plénitude qui permettrait
de mettre au diapason être, action et monde.
Ce regard plus ouvert sur le monde permettrait aussi de mettre l'accent sur le
commun plutôt que sur les fragments.
Il s'agirait par conséquent de repenser le
commun pour comprendre que les fragments sont, oui, essentiels, mais les
fragments pris isolément n'ont aucun sens.
Une voie pour voir le commun : valoriser les relations. Il faut aussi mettre en
valeur notre place dans le monde, place dans le sens de territoire. Individuellement
et collectivement nous ne sommes pas en mesure de saisir l’importance capitale de notre relation intime avec le
territoire. Bref, on a appris à être déconnecté du territoire, tandis qu’il est urgent de reconnaître qu’il est en nous et que
nous sommes en lui. Petit rappel : la déconnection des sociétés contemporaines par rapport aux territoires génère un nombre effarant
de conséquences (voir mon billet sur l’entropie).
L’intention derrière
ce court billet était d’introduire l’éthique et ses courants principaux, du moins dans le
monde occidental. Le lecteur ou la lectrice comprendra par conséquent
qu’il
ne pouvait pas constituer un panorama exhaustif des différents
courants éthiques
traversant l’humanité. L'éthique
a été
l'apanage des religions et de la plupart des courants philosophiques. Or, force
est de constater que leurs bonnes idées n'ont malheureusement, ou heureusement, pas pris prise (la notion de prise a été analysée par Augustin Berque - pour résumer nous devons reconnaître les prises que nous avons avec le Réel ; il faut aussi créer de nouvelles prises). Il faut donc renouveler l’éthique, notre éthique,
et ce, dans nos valeurs et dans les conséquences
de nos actions. Vous en déduirez que ma position éthique
relève
autant du courant déontologique que du courant téléologique.
Il faut s’attarder
autant aux valeurs qu’aux conséquences voulues de nos actions.
Simon
Merveilleuse article! Il est vrai que la société ne change pas s'il n'y a pas un changement dans 1)la situation géopolitique
RépondreSupprimer2)les acteurs du monde (le genre humain en particulier)
Voici donc une approche différente. Depuis le temps que nous sommes informé des effets pervers de la société sur l'environnement ainsi que sur nous-même, peu de chose change. Maintenant, comment changer l'éthique? Est-ce par le biais de l'éducation? Je crois que ça constitue une part de la solution mais il faut plus que ça. Des gens qui entreprennent de montrer l'exemple? Probablement que ce partenariat pourrait pousser l'éthique dans la bonne direction.
Poursuivez votre merveilleux travaille! Nous verrons d'ici quelques années si le projet donne fruit.